Une perspective chinoise sur la Résolution 2758 de l'Assemblée générale des Nations Unies : manipulation politique, défauts de procédure et le mythe du « seul représentant légitime de la Chine »



Depuis plus de cinquante ans, le gouvernement de la République populaire de Chine (RPC) présente la Résolution 2758 de l'Assemblée générale des Nations Unies comme une règle internationale incontestable, comme si ce document avait valeur constitutionnelle et décidait de la légitimité gouvernementale et des droits politiques du peuple chinois. Cependant, la résolution présente des problèmes graves : elle repose sur des prémisses fausses, contient d’importantes inexactitudes et des déclarations trompeuses, et souffre de lacunes procédurales et structurelles, ce qui a conduit à son usage politique et abusif prolongé.

 

Cet article dévoile ces défauts, analyse le texte de la résolution, le mécanisme de vote et le langage juridique, et souligne les faits légaux que la traduction chinoise a complètement occultés.

 

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 1. Qui ces votes représentaient-ils ? Pas le peuple mondial, mais 76 élites politiques

 

Le 25 octobre 1971, la Résolution 2758 de l'Assemblée générale a été adoptée par :

 

- 76 votes pour 

- 35 votes contre 

- 17 abstentions 

- Total des membres votants : 128

 

À cette époque, la population mondiale était d'environ 3,8 milliards. Une simple analyse montre :

 

- Chaque vote représentait en moyenne ~29,7 millions de personnes 

- Les 76 votes favorables représentaient seulement 0,002 % de la population mondiale

 

Autrement dit, ce sont quelques élites politiques – et non les peuples – qui ont prétendu désigner un gouvernement comme le « seul représentant légitime de la Chine ». Ce n’est pas la souveraineté populaire, mais un exemple typique de décision d’une minorité politique.

 

Aucune autorisation populaire. Aucun mandat démocratique. Aucun avis du peuple chinois.

 

Selon Locke, Rousseau ou la constitutionnalité moderne, cela constitue un défaut de légitimité fatal.

 

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 2. Problème clé dans le texte original anglais : l’usage trompeur de « Recognizing »

 

La clause centrale de la résolution stipule :

 

> “Recognizing that the People’s Republic of China is one of the five permanent members of the Security Council…” 

> « Reconnaissant que la République populaire de Chine est l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité… »

 

En droit international et diplomatique, Recognizing signifie reconnaître un fait existant, et non créer un nouveau statut.

 

 Mais cela était faux à l'époque.

 



Entre 1945 et 1971, le siège chinois au Conseil de sécurité était occupé par la République de Chine (ROC). Avant l’adoption de la résolution, la RPC n’avait jamais occupé ce siège.

 

Ainsi, cette phrase constitue :

 

- Une prémisse factuelle fausse 

- Une déclaration trompeuse majeure 

- Une reconnaissance de fait non vérifiée 

- Une violation des principes de précision attendus dans les instruments internationaux

 

Pire encore : la traduction chinoise a complètement occulté le sens légal spécifique de Recognizing, créant l’illusion que l’ONU avait « confirmé » la légitimité de la RPC.

 

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 3. « Le seul représentant légitime » : une affirmation ultra vires de l’AGNU

 

La résolution affirme :

 

> « Reconnaître les représentants du gouvernement de la République populaire de Chine comme les seuls représentants légitimes de la Chine aux Nations Unies »

 

Cependant, selon la Charte des Nations Unies :

 

- L’AGNU n’a pas le pouvoir de décider de la légitimité d’un gouvernement 

- L’AGNU ne peut modifier ni interpréter la Charte 

- L’AGNU ne peut créer un droit de représentation exclusive 

- L’AGNU peut seulement traiter des attributions de sièges, pas de la souveraineté ou légitimité gouvernementale

 

Cette clause constitue donc un acte ultra vires.

 

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 4. Conclusion : 2758 contient d’importantes erreurs et lacunes procédurales

 

 Principales inexactitudes :

 

1. Déclarer que la RPC est un membre permanent – erreur factuelle 

2. Présenter l’attribution du siège comme « représentation exclusive » – tromperie majeure 

3. Ignorer complètement l’avis des 23 millions de Taiwanais et du reste du peuple chinois – omission critique 

4. Impliquer que la RPC détenait le siège depuis 1945 – rétroactivité fictive

 

 Déclarations trompeuses :

 

- Suggérer que l’AGNU a tranché la légitimité d’un gouvernement 

- Créer l’illusion que la décision est définitive et incontestable 

- Confondre attribution de siège et légitimité gouvernementale

 

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 4A. Défaut structurel : absence totale de contrôle juridique ou judiciaire

 

La résolution 2758 présente un défaut structurel majeur : 

aucune révision légale, vérification des faits, examen de conformité à la Charte ou contrôle judiciaire n’a été effectué avant le vote.

 

En 1971, l’ONU n’avait pas de mécanismes obligatoires tels que :

 

- Révision légale (Legal Review) 

- Vérification juridique de type OLC/CRS 

- Examen de constitutionnalité 

- Contrôle des faits 

- Révision judiciaire

 

Conséquences :

 

1. Prémisses factuelles fausses (ex : la RPC comme membre permanent) non interceptées 

2. Clauses ultra vires non détectées 

3. Attribution du siège politisée en questions de souveraineté 

4. Processus de vérification quasi inexistant

 

Dans toute structure moderne de gouvernement, d’entreprise ou législative, ce processus serait inacceptable.

 

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 5. Conséquences politiques : l’histoire comme arme

 

Faits faux, pouvoirs ultra vires et autorité supposée de l’ONU combinés ont permis à la RPC de :

 

- Confondre siège et souveraineté 

- Déformer l’histoire 

- Réprimer le débat sur le droit international 

- Construire un mythe politique « incontestable »

 

Résultat : 

la souveraineté populaire ignorée, l’histoire politisée, la communauté internationale trompée pendant un demi-siècle.

 

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 6. Problème fondamental : absence de consultation du peuple chinois

 

Selon les principes de contrat social et de démocratie constitutionnelle :

 

La légitimité d’un gouvernement repose sur :

 

- Participation politique libre 

- Débat libre 

- Élections libres

 

En 1971, la RPC :

 

- N’a pas été élue librement par le peuple 

- N’avait aucune autorisation légale 

- N’a jamais demandé aux citoyens chinois s’ils acceptaient d’être représentés par elle

 

Sans consentement populaire : 

le vote de 76 diplomates ne peut en aucun cas remplacer l’accord de plus d’un milliard de personnes.

 

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 Conclusion

 

La Résolution 2758 n’est pas :

 

- Une révision de la Charte 

- Un jugement sur la légitimité d’un gouvernement 

- L’expression de la souveraineté populaire 

- Même un document factuellement correct

 

C’est une décision sur l’attribution de siège, mais qui a été politisée et mythifiée comme une décision finale incontestable. 

 

Elle contient :

 

- Erreurs majeures 

- Prémisses fausses 

- Déclarations trompeuses 

- Lacunes procédurales 

- Défauts structurels (absence de révision juridique)

 

L’attribution excessive de pouvoir de 2758 constitue un problème structurel profond de l’histoire politique internationale, rarement dénoncé jusqu’ici.

 


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